Le magasin participatif de Nancy vient de recruter sa première salariée, Virginie Joalland, que nous soumettons à la question. Hasard du calendrier, son CDI débute avec le mois de l’économie sociale et solidaire. Quel est son rôle dans les différents développements de la coopérative ? Trois questions et même un peu plus si cette alternative à la grande distribution vous intéresse.
Pourquoi une seule salariée à la Grande Epicerie Générale ?
Jusqu’ici l’épicerie n’avait pas de budget pour embaucher un.e salarié.e. Elle fonctionnait uniquement grâce à l’engagement des coopérateur.trice.s.
Mon embauche a été possible grâce à une subvention de la Région Grand-Est sur deux ans (financement du poste à hauteur de 50%) et de l’obtention d’un prêt bancaire.
Ce recrutement, c’est faire le pari de développer davantage le projet grâce à la professionnalisation et la multiplication d’actions de communication auprès des publics, la coordination de l’ensemble des coopérateurs, l’amélioration des procédures, etc.
Mais je ne remplace pas les coopérateur.trice.s sur les créneaux qui leurs sont dédiés 😉
Quel est votre rôle ?
En tant que cheffe de projet, mes missions sont et seront assez variées et réparties entre :
– le fonctionnement du magasin dans ses aspects courants : préparation livraison, réception des livraisons, agencement, communication interne pour faciliter les échanges entre les différents groupes de travail…
– une grosse partie développement : actions auprès des acteurs du quartier pour faire connaître davantage le magasin, attirer et fidéliser les nouveaux coopérateurs, animer un réseau de partenaires, organiser des événements tout public (repair café, atelier cosmétique, projections…).
Cherchez-vous davantage de coopérateurs ?
Un grand oui ! Avec notre installation avenue du XXème corps, nous avons davantage de surface, de produits et donc davantage de besoin en coopérateurs pour faire vivre et animer le magasin. De plus, c’est un projet qui, si on regarde nos homologues dans d’autres grandes villes, est encore modeste en nombre de coopérateurs.
Nous ne sommes qu’au début de cette aventure
Il existe plusieurs projets indépendants* avec un nombre de coopérateurs et des tailles d’agglomérations variés. Nous ne sommes qu’au début de cette aventure ! La Grande Epicerie Générale a vocation à s’agrandir encore et à s’adresser à tou.te.s. Avec 300 coopérateurs aujourd’hui, si nous voulons élargir nos horaires d’ouverture, nous devons être plus nombreux.
Pourquoi plus de vrac ?
La réduction des déchets est un enjeu majeur de notre société. Dans la coopérative participative, beaucoup sont militant.e.s et souhaitent réduire leur impact environnemental. Le vrac, c’est l’occasion idéale de limiter les emballages plastiques notamment.
Trois fois plus de vrac
Et puis, on se sert à la juste quantité, il y a une certaine souplesse qui peut être bien utile selon nos recettes, nos envies et même notre portefeuille en fin de mois ! Nous allons bientôt multiplier par trois notre surface de vente en vrac, avec plus de références en épicerie sèche sucrée et salée mais aussi avec des produits cosmétiques et d’entretien. Nous avons depuis peu de la lessive en vrac. La machine est en route.
La coopérative est-elle un magasin bio de plus à Nancy ?
Non, à mon sens le magasin participatif n’est pas un énième magasin bio sur Nancy en cela qu’il s’agit, selon moi, d’un projet citoyen avant toute chose. Derrière notre épicerie, pas de grand groupe, pas de filiale… juste une “armée” pacifique de citoyens volontaires et motivés à reprendre le pouvoir sur leur consommation et à rémunérer justement les producteurs.
Mieux consommer
Mais… la majorité de nos produits est bio et/ou locale donc les habitués des rayons des magasins bio s’y retrouveront. Les autres aussi. Notre but c’est aussi et surtout de permettre à tou.te.s de consommer bien, mieux sans casser sa tirelire pour autant. A la Grande Epicerie Générale, on peut manger bio et local quel que soit son profil grâce à une marge unique et basse de 20%.
Qu’est-ce qui vous différencie d’une Amap ?
La question est souvent posée 😉
Nous ne sommes pas une Amap. Dans nos rayons, on trouve des légumes, de la viande et des produits laitiers, comme dans une Amap certes … mais aussi du papier toilette, des produits d’entretien, de la quincaillerie, de la petite décoration, des conserves, des épices et condiments, des friandises sucrées, des cosmétiques…
Le fonctionnement n’est pas celui d’une Amap, car on donne trois heures de son temps par mois et on est client/propriétaire (chaque coopérateur souscrit des parts). Par ailleurs, on ne rémunère pas les producteurs en avance.
Enfin, on n’a aucune obligation/contrainte d’achat minimum.
Pourquoi un groupe zéro déchet ?
Au sein de la coopérative, il existe plusieurs groupes de travail et de réflexions sur des thématiques variées, et notamment celle du zéro déchet. La coopérative et plusieurs de ses membres sont impliqués dans les transformations sociétales et environnementales et souhaitent informer sur le sujet et encourager les actions visant à limiter la production de déchets en tant que consommateur, mais aussi en tant qu’entreprise.
Plus de surface de vente
Au quotidien, nous réfléchissons à limiter les déchets du magasin en plus des actions de tri, compostage ou dons – nous avons une zone de gratuité – déjà mises en place. “Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas.”
Allez-vous rester avenue du 20ème Corps ?
On vient seulement de s’y installer ! Oui bien sûr, tant que la superficie correspond à nos ambitions et à notre développement. Bientôt nous aurons 60 m2 de surface de vente supplémentaire grâce à l’aménagement d’un local attenant où nous déplacerons toute notre réserve. Ce local est vraiment adapté à nos projets, il va également nous permettre d’organiser des événements (ateliers, projections, rencontres, …) et d’accueillir de plus en plus de coopérateur.trice.s ainsi que les habitants qui voudront simplement participer à un évènement.
La coopérative est-elle rentable ?
L’objectif de la coopérative n’est pas de faire de l’argent mais avec notre marge unique de 20%, nous payons nos frais fixes (un loyer, une salariée, les abonnements à des logiciels de caisse, le recours à un expert comptable, l’électricité et l’accès à internet). Nous investissons aussi dans des rayonnages de vrac, de nouveaux réfrigérateurs, une balance connectée… Pour que le projet avance plus vite, nous avons levé des fonds – nous avons besoin de trésorerie – et nous avons emprunté. Mais cette marge de 20% et la participation régulière de chacun avec une vraie fidélité de tous les clients nous permet d’être confiants pour la pérennité de notre coopérative.
Le côté participatif est-il obligatoire pour être client ?
Oui, c’est le principe même de l’épicerie collaborative. On participe pour être client.
Trois heures toutes les quatre semaines et selon ses envies et disponibilités, on peut effectuer des créneaux au magasin ou à distance. C’est assez varié, il y en a pour tous les profils : caisse, réception et rangement de marchandises, comptabilité, commandes aux fournisseurs, ménage (et oui il faut bien aussi nettoyer la boutique !).
Convivialité
Chacun choisit et apprend car nous ne sommes jamais seuls pour débuter sur un créneau et une fiche de poste permet de savoir précisément quelles sont les règles car nous respectons toutes les règles d’hygiène et de rigueur qu’exige un magasin.
Mais si ces créneaux sont obligatoires, ils se déroulent dans la convivialité et permettent de découvrir l’envers du décor et de mieux comprendre comment sont choisis les produits et les subtilités pour se réapproprier sa consommation.
* Il existe plusieurs dizaines de magasins participatifs, tous indépendants les uns des autres, et avec des modèles pouvant varier d’une commune à l’autre à découvrir sur cette carte de France interactive sur laquelle il manque nos voisins de Graoucoop à Metz ou de Coopalim à Strasbourg.